5 octobre 2024

En France, la ressource en eau diminue alors que les besoins augmentent

France Stratégie anticipe une hausse des besoins en eau dans le futur. Illustration générée par Dall-E.

Dans un rapport publié jeudi 18 avril 2024, France Stratégie pointe du doigt une double tendance : la quantité d’eau disponible dans l’Hexagone diminue d’année en année, tandis que les besoins s’annoncent de plus en plus importants.

La tendance est claire : au cours des quinze dernières années, la ressource en eau a diminué de 14% en France métropolitaine, chaleurs et manque de pluie obligent. C’est que ce souligne une étude publiée jeudi 18 avril 2024 par France Stratégie, un service d’analyse rattaché au Premier ministre.

Et « cette tendance devrait s’aggraver » en raison du changement climatique, notamment pendant l’été. Alors que les sécheresses s’enchaînent et que les débats sur la gestion de l’eau se font de plus en plus pressants, l’étude dresse un état des lieux de nos usages. Qui sont les plus gros consommateurs d’eau en France ?

Aujourd’hui, la moitié de l’eau prélevée dans l’Hexagone sert au refroidissement des centrales électriques. Mais il ne faut pas confondre prélèvement et consommation : un réacteur nucléaire qui pompe l’eau d’un fleuve pour alimenter son circuit va la rejeter un peu plus loin. Dans le cas des circuits ouverts, 99% de l’eau prélevée est rendue au milieu naturel.

L’agriculture, premier consommateur de France

L’eau consommée, au contraire, correspond à celle qui est définitivement perdue de sa source. Elle n’est plus disponible car elle a été utilisée par des plantes, des animaux ou des humains. De ce point de vue, l’agriculture est de loin le premier consommateur d’eau en France : elle capte en moyenne 62% de notre consommation. 

Le secteur de l’énergie arrive en deuxième position (14%), suivi par la consommation des ménages (12%) et enfin l’industrie (9%). Les usages de loisirs — piscines, golfs ou encore neige artificielle — ont beau attirer l’attention, ils ne représentent pas plus d’1% de la consommation nationale.

Source des données : France Stratégie, 2024.

L’étude de France Stratégie insiste plutôt sur le poids de l’élevage dans nos  usages de l’eau : seule 60% de l’eau consommée par l’agriculture sert directement à l’alimentation humaine, tandis que 40% est orientée vers l’alimentation du bétail. Soit un quart de la consommation totale d’eau en France. 

C’est pour cette raison que les cultures comme le maïs, destinées au bétail et très demandeuses en eau, sont si souvent pointées du doigt. Sans compter que l’agriculture consomme surtout de l’eau en été, précisément la période de l’année à laquelle la ressource peut venir à manquer. 

Et plus les chaleurs sont fortes, plus les agriculteurs en demandent : depuis 2010, le recours à l’irrigation a augmenté partout en France. Dans le bassin de l’Artois-Picardie, le nombre de surfaces irriguées a presque doublé en dix ans.

Les premières pistes d’économies sont donc liées à l’agriculture : diminuer notre consommation de viande, basculer vers des cultures moins exigeantes en eau — comme le sorgho — ou utiliser des eaux usées pour l’irrigation. 

Des besoins en hausse

Malgré tout, ces chiffres varient selon les bassins hydrologiques que l’on observe. Dans la vallée du Rhône, où sont installées de nombreuses centrales nucléaires, c’est la production d’électricité qui consomme le plus d’eau (58%). Dans le bassin Seine-Normandie, particulièrement peuplé, c’est l’utilisation d’eau potable. D’où l’intérêt d’une gestion locale.

Le plus gros défi pointé par France Stratégie vient de la hausse des besoins en eau dans le futur. Non seulement les fortes chaleurs nous imposeront de boire plus et d’irriguer davantage, mais les ambitions industrielles de la France sont elles aussi coûteuses en eau. Construire huit nouveaux réacteurs nucléaires et « réindustrialiser » le pays, comme le veut Emmanuel Macron, c’est augmenter encore la pression sur cette ressource… pourtant de moins en moins disponible. Le service de Matignon s’est donc déjà attelé à son prochain rapport, consacré à la gestion des conflits d’usage.

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